Interview de Jean Zeid, Commisaire de l'exposition, réalisée par AFJV.
Après un voyage en Alsace pour découvrir le Pixel-Museum, Bertrand Brocard, président du Conservatoire National du Jeu Vidéo - CNJV, vient de visiter la nouvelle exposition sur le jeu vidéo présentée à Paris à la Fondation EDF.
Exposition "Game, le jeu vidéo à travers le temps", du 1er mars au 27 août 2017
Entrée libre
Du mardi au dimanche de 12h à 19h
Espace Fondation EDF
6, rue Récamier 75007 Paris
(Métro Sèvres-Babylone)
Tu as visité pas mal d'expositions sur le jeu vidéo, quel est ton sentiment après ta visite et ta rencontre avec Jean Zeid, le commissaire de l'exposition ?
► Le premier point c'est la satisfaction de voir que le jeu vidéo s'est vraiment installé comme une culture reconnue. J'ai pris quelques photos qui illustrent ce post mais on en trouvera énormément d'autres sur le Net. L'annonce et l'inauguration de cette exposition ont été extrêmement médiatisées et ont fait l'objet de nombreux reportages dans la presse nationale et à la télévision sur les chaines généralistes. C'est plutôt réjouissant !
Est-elle dans la lignée des dernières expositions qu'on a pu voir à Paris ces dernières années ?
► Pas du tout ! Elle est plutôt dans l'esprit des expositions habituellement présentées à la Fondation EDF. Quand on pénètre dans cet ancien local industriel, on reçoit un choc visuel en découvrant un univers tout en blancheur à l'exception de la moquette zébrée spécialement créée pour l'occasion.
Ce look reflète le parti-pris esthétique qui a présidé à la création de cette exposition. Choix complètement raccord avec l'approche de Jean Zeid qui a créé l'exposition à la demande de la Fondation EDF.
De quel choix parles-tu ?
► Pour Jean Zeid, journaliste de France Info spécialisé dans le jeu vidéo et le numérique, "le jeu vidéo se regarde désormais autant qu’il se joue". C'est donc ce discours qu'il a décliné et qui se reflète dans la scénographie. Ce sont les jeux qui sont mis en vedette, en commençant par Uncharted 4 : A Thief’s End qui est présenté devant l'entrée en remontant jusqu'aux premiers reconstitués comme OXO, Spacewar ou Tennis for two. En passant bien sûr par une trentaine de titres jouables sur consoles. Les visiteurs sont évidemment beaucoup plus nombreux à regarder les joueurs qu'à tenir les manettes. Cela valide le concept de l'exposition.
Comment le matériel est-il présenté ?
► C'est à peine si on voit les consoles utilisées. Et ce n'est pas la peine d'imaginer voir un micro-ordinateur, entendre parler de la "french touch" ou avoir des explications techniques. L'exposition ne traite absolument pas du matériel, de la production, des métiers. Seules les manettes (ou leurs avatars) font l'objet d'une présentation sur un "mur" et de cartels détaillés. Il y a toutefois une reproduction de la Brown Box et une "vitrine" présentant les premières consoles style "pongé et autres Vidéopac. Ce sont nos amis de MO5 qui ont fourni le matériel mais comme tu vois on est très loin de "Gamestory".
On reste tout à fait dans le domaine visuel, comme une exposition de tableaux mais évidemment les visiteurs peuvent jouer. Ce qui n'est pas sans poser les éternels problèmes de flux. Il y a aussi une pièce avec des visuels.
Coté matériel il y aussi un stand de jeu de danse et un GameBoy géant et fonctionnel créé par David Bagel. Il a beaucoup de succès mais il est si grand que ce n'est pas facile de jouer car pour pouvoir toucher les boutons on ne peut pas avoir suffisamment de recul !
La période "bornes d'arcade" est-elle traitée ?
► Malgré le sous-titre de l'exposition qui annonce une remontée dans le temps, le parcours n'est pas vraiment chronologique car on peut naviguer librement. Mais pour répondre à ta question, cette période est évoquée avec une borne OutRun en version Deluxe et un Pong en table basse.
Quid de l'aspect technique ?
► Comme pour le matériel ce n'est pas vraiment le sujet, mais ce côté est quand même abordé, là encore sur plan visuel, avec quatre versions successives de FIFA. Il y a aussi cinq figurines en relief d'un personnage qui permet de voir l'évolution de la 3D en 20 ans, de 500 polygones à 500 000.
Les acteurs de l'histoire du jeu vidéo sont évoqués ?
► Il y a un grand panneau avec les portraits de 18 personnalités emblématiques. De petites cartels sur le côté les présentent succinctement mais on aimerait cliquer sur les visuels pour entendre une présentation plus complète ou une interview.
Les jeux du futur sont-ils présents ?
►Cela ne m'a pas frappé. Il y a toutefois une salle au sous-sol qui permet de tester un casque de réalité virtuelle.
On trouve aussi à ce niveau une salle consacrée au "Serious game" et une salle où des vidéos d'archives de l'Ina sont projetées en boucle avec des extraits de reportages sur les jeux vidéo. Pas triste !
On a fait le tour ?
► Presque ! Au niveau principal on trouve une espèce d’amphithéâtre dont le mur de fond évoque le e.sport et de l'autre côté des écrans consacrés à des parties filmés et des Youtubers.
Et évidemment on retombe sur le propos du créateur de l'exposition "le jeu vidéo se regarde désormais autant qu’il se joue". C'est d'ailleurs un point de vue que j'avais un peu théorisé quand on a créé les premiers jeux sur CD-i qui permettaient d'avoir une image de qualité audio-visuelle. Dans le story-board d'International Tennis Open créé en 1992, la troisième page porte le titre "Un jeu et un spectacle".
En conclusion ?
► Pour finir, je conseille à tout le monde d'aller voir cette exposition vraiment originale par son choix éditorial et sa scénographie. Si j'en juge par le monde présent lors de ma deuxième visite le mercredi, elle a beaucoup de succès ! Avec un public très varié, des enfants et des personnes âgées curieuses de découvrir cet univers ! En plus... c'est gratuit !
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